4)                                                                                                         
8                     MEMOIRES DE PIERRE DE L'ESTOILE.
tage. « Et si Dieu, adjouta-t'il, vous fait grace de vivre « jusques-là, vous aurez pour maître un roy de France « et de Navarre. »
Ce qui sembloit lors incroyable est arrivé en nos jours : laquelle histoire prophétique le Roy a depuis raconté fort souvent, même à la Reyne : y adjoutant par gausserie qu'à cause qu'on tardoit trop à luy bailler la chemise, afin que Nostradamus t Ie contempler à l'aise, il eut peur qu'on vouloit lui donner le fouet.
Ce pronostic s'est accomply par l'entiere extinction de la branche royale de Valois, qui a gouverné la France deux cent soixante un ans C1) avec différens succès, à commencer au roy Philippe vi, dit de Valois : en sorte qu'il n'en reste de postérité masculine que Charles, duc (TEngouIesme (a), fils de Charles ix. Mais parce qu'il est bastard, il n'a pû succeder à la couronne.
Le même mercredy a aoust, jour de la mort du Roy, se t derriere les Chartreux le duel de Jean de Lisle Ma­rivault (3) du party du Roy, et de Claude de Maroles du party de la Ligue, qui demeura victorieux. Et comme Lisle Marivault estoit très-renommé pour sa valeur ct grande force de son corps, les ligueurs se servirent de ce succès pour animer davantage leur party. Les pres­cheurs de Paris debitoient dans leurs sermons que c'es­toit un second coup du ciel, et que le j eune David avoit tué le philistin Goliat. Ce qui faisoit de merveilleux effets.
s que ceux du party de la Ligue, ou qui la soute-
(-) Deux cent soixante un ans : depuis i3i8 jusqu'en 1589. — (») Charles, due d'Engoulesme; fils naturel du roi Charles ix et de Marie Touchet. — (3) Jean de Lisle Marivault: YL étoit frère de Claude de Lisle-Marivaut, qui se distingua à la bataille d'Ivry.
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